Le corps
joue, l’esprit ruse, les yeux veillent,
Le monde triche
hardiment sous les reflets de l’innocence ;
Il y a toutefois
en chacun une pièce vide,
Un lieu où
s’interrompt la partie,
Un lieu où
il n’est pas,
Où la
signification et les règles du jeu se défont
Sans que s’altère
la saveur des enjeux ;
Si tu
entres dans cette pièce au bon moment,
Tu y
trouveras
La source
du ciel, de la terre et de tout ce que tu peux
Nommer,
situer, comme de tout ce qui n’a
Ni nom ni adresse
et tu pourras
Tout à
loisir apprivoiser ta propre absence et lui donner
Couleur de
fleur, saveur de fruit ;
Là, tu ne te
cherches plus dans les livres, les cartes,
Tu oublies
tes pensées propres et jusqu’à
L’étrange
sensation d’être là,
Tu deviens
juste silence, écho, courant d’air,
Et le
hasard te confie chaque fois la même enveloppe
Contenant
le brouillon de ces riens qui te font
Porte-saveur
de tout ce qui clignote dans le noir…
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