Tu penses à Han Yu, poète Tang, tu penses
À sa disgrâce, à son exil,
À sa moustache ingrate, à son chapeau carré ;
Tu l’imagines buvant son thé, meurtri mais
digne,
Tu te dis qu’entre source et delta la vie
déborde
Plus souvent qu’à son tour et emporte
Règles et digues auxquelles on se
fiait ;
Ce que tu aimes n’est ni ceci ni cela,
Rien qui complèterait « être » ou
« avoir »,
Juste une onde plissant la surface des eaux,
Un soupir dont l’objet s’est perdu
Mais dont le souffle court toujours,
Comme un fil qui lierait une vie à une autre
Ou tel mot à ce qui le récuse ;
Mettre
de l’ordre dans l’amour, chercher
Les plis
cachés sous les coutures,
Trouver
l’issue de la stupeur première,
Cela
excède tes fonctions et fait flotter bizarrement
Les
murs autour de toi ;
Mais demander
la lune aux poètes n’est-ce pas
Accepter,
comme eux, de nager avec les noyés ?
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